Qu'est-ce qu'être féministe aujourd'hui ?

Publié le par Douarnenez à bâbord

Pour ceux qui ont raté le Café Repère/Repaire sur le féminisme, voici deux ou trois choses qu'il est bon de garder en tête.

 

 

 

Qu'est-ce que "être féministe" ?

 

 

En 1913 Rebecca West écrit : "Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comprtement ne permet plus que je sois confondue avec un paillsson."

 

Clémentine Autain, quant à elle rappelle que les féministes n’échappent pas à la caricature. et qu'on leur associe encore souvent les termes de : “ Ringardes ”, “ hystériques ”, “ mal-baisées ”, “ sans humour ”, “ bourgeoises ”…

L’image d’un groupuscule brûlant des soutiens-gorge continue de prévaloir sur la réalité, celui de mouvements qui ont bousculé les représentations de genre et fait avancer les droits des femmes. Une amnésie collective troublante.

 

Pour elle être féministe aujourd’hui,

 

- c’est d’abord s’inscrire dans une histoire, celle des mouvements de lutte pour l’émancipation des femmes.

Assumer cet héritage ne signifie pas se rallier à une doctrine décidée avant, par d’autres, une fois pour toute, maistransformer par une analyse critique l’apport théorique et pratique des générations antérieures. L’héritage lui-même est loin d’être monolithique. Le contenu même du mot est toujours l’objet de controverses.Le féminisme n’est pas un dogme mais une pensée dynamique, sans cesse renouvelée, c'est un principe de liberté, non de conformité.

 

- c’est saisir le caractère systémique de la domination masculine, avec un regard politique et une critique radicale des rapports masculin/féminin. c’est-à-dire l’articulation entre violences conjugales et publicités dégradantes pour les femmes, jouets sexistes et exploitation domestique, inégalités de salaires et déficit public de l’accueil de la petite enfance…

 

-c'est reconnaîtrela dimension transformatrice du féminisme et sa dimension utopique aussi. Les mouvements féministes sont un exemple particulièrement intéressant d’articulation réussie entre réformes et révolution. Au cours du XXe siècle, des réformes majeures telles que le droit de vote ou la libéralisation de l’avortement, la criminalisation du viol... ont été obtenues.

Dans le même temps,la visée révolutionnaire, à savoir la quête d’un changement radical des rapports entre les genres, n’a pas été perdue de vue. Pas de grand soir ni même de mort (en tout cas du côté des oppresseurs…) mais de vraies ruptures qui permettent, à l’échelle d’un siècle, de mesurer le caractère révolutionnaire du féminisme.

 

- c'est progresser, bien au-delà des questions de genre, sur le lien entre individu et collectif et en terme de lecture politique de la vie privée. GenevièveFraisse pense que "c'est dans ce perpétuel passage entre le "je" et le "nous" que se profile l'individu féministe."

Il induit une critique de toutes les formes de domination et peut constituer un point d’appui majeur pour repenser le rapport au pouvoir dans notre société. De ce point de vue, le débat sur la parité aurait dû être l’occasion de porter plus fortement la double critique de la pratique du pouvoir, profondément masculine, et de la non-représentativité de la démocratie dite représentative.

 

- c’est aussi être vigilante, prendre conscience que rien n’est jamais acquis et qu’il reste du chemin à parcourir. C’est la conviction profonde qu’il n’y a pas de pente naturelle vers l’égalité. Sans mobilisation, pas de progrès social. La génération née avec la pilule, l’école mixte a pu avoir l’illusion de l’égalité entre les sexes alors qu’elle n’est qu’un mirage.L’enjeu est aujourd’hui de passer de l’égalité formelle à l’égalité réelle pratiquée dans la vie. Les conquêtes juridiques du XXe siècle sont de formidables points d’appui. Mais si la répartition traditionnelle des rôles (sphère publique pour les hommes, sphère privée pour les femmes) a pris du plomb dans l’aile, la domination masculine perdure et certains notent même un recul dans différents domaines( film : la domination masculine) : la maîtrise de la fécondité bute sur le manque de moyens et le défaut de prévention, les violences à l’encontre des femmes font partie du quotidien, l’égalité professionnelle n’est qu’un vain texte de loi, huit travailleurs pauvres sur dix sont des femmes…

80% des taches domestiques et parentales restent l’apanage du “ deuxième sexe ”, et ce travail n'étant pas monneyable, il est sans valeur (Bourdieu dit : Le fait que le travail domestique de la femme n'a pas d'équivalent en argent contribue à le dévaluer, à ses yeux mêmes, comme si ce temps sans valeur marchande était sans importance et pouvait être donné sans contreparie, et sans limites, d'abord aux membres de la famille, et surtout aux enfants"). Il faut savoir que la valeur de ce travail représente 1/3 du PIB et que de le rémunérer supposerait une redistribution totale des richesses et Dominique Meda a calculé qu'il représente 22 Millions d'emplois Equivalent Temps Plein !

Les faits sont souvent méconnus ou minorés. Lutter contre les stéréotypes et pour l’application de lois est un objectif complexe.

D'autant que ces faits peuvent être perçus comme une des solutions à la crise économique actuelle : favoriser le retour des femmes à la maison améliorerait le taux du chômage...

 

- c’est enfin travailler à la construction de l’égalité entre hommes et femmes. Signe d’une évolution du féminisme contemporain, la place de la masculinité devient de plus en plus importante. Quand on bouscule la place des femmes dans la société, on touche nécessairement à celle des hommes. Les modèles de virilité doivent être déjoués. Filles ou garçons, nous devons avoir les mêmes chances dans la vie et ne pas être enfermés dans des rôles imposés.

Les hommes sont eux-mêmes, prisonniers des modèmles imposés et la révolution des rapports fommes/femmes ne peut arriver à ses fins que si les 2 sexes s'émancipent et s'humanisent. Thomas Lancelot, fondateur de Mix-cité écrit que "les hommes ont tout à gagner à s'émancier des modèles imposés de virilité, vraiment aliénants "

Il sufit de rappeler cette injonction souvent entendue "Sois un homme !", ou même "Prouve que tu es un homme !" pour se rendre à l'évidence que ce n'est pas si évident !

 

Le concept de mixité, qui se fonde sur l'affirmation de l'hétérogénéité, dans tous les domaines, du genre humain, qui est plus que la parité, peut s'entendre alors comme une égalité réelle. "La mixité constitue le but des luttes des femmes ou l'aboutissement du féminisme" a écrit la philosophe Michèle Le Doeuf.

 

 

A mesure que l’on se rapproche de l’objectif, la question des contours, de la forme de cette égalité se posent avec plus d’acuité. En somme, que faire de la différence des sexes ?

 

A noter que sur ce sujet deux tendances du féminisme s'affrontent :

- celle qui revendique la reconnaissance de la différence sexuelle, d'une identité spécifique, d'une essence féminine et qui donne plus d'importance à l'inné (les essentialistes)

- celle qui met en cause la construction sociale dans la différence des sexes (l'acquis),

qui pense que l'environnement social (modèles parentaux, école, jeux, média...) influe sur les commportements et que chacun se voit vite incité-e à se conformer au modèle du groupe. Les comprtements sexués deviennent alors un réflexe.(les universalistes)

 

 

Qu’est-ce qu’être féministe aujourd’hui ?

Pour quelles raisons s’inscrire dans cet engagement et décider d’en écrire une page nouvelle ?

Quels sont les enjeux contemporains du féminisme ?

Quelles sont les questions politiques, sociales, économiques et culturelles qui justifient de s’engager comme féministe ?

Le féminisme se définit-il par un socle d’objectifs communs ou ne peut-il être que pluriel ?

Quels sont les liens entre le féminisme et d’autres mouvements d’émancipation ?

Vers quel idéal porter ses aspirations ?

 



Définition du féminisme/histoire

Etymologie: du latin femina, femme.


Féministe: personne appartenant à un mouvement politique qui prône l'égalité réelle entre les hommes et les femmes dans la vie privée et dans la vie publique.


Le
féminismeest une doctrine ou une attitude politique, philosophique et sociale, fondée sur l'égalité des sexes. Il s'incarne dans des organisations dont les objectifs sont d'abolir les inégalités sociales, politiques, juridiques, économiques et culturelles dont les femmes sont victimes. Le féminisme a pour objectifs :

  • la défense des intérêts des femmes dans la société,

  • l'amélioration et l'extension de leurs droits,

  • la fin de l'oppression et des discriminations dont les femmes sont victimes au quotidien,

  • leur émancipation.

Si le terme « féminisme » ne prend son sens actuel qu'à la fin du XIXHYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/XIXe_siècle"eHYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/XIXe_siècle" siècle,(dans un pamphlet anti-féministe d'Alexandre Dumas fils, d'ailleurs...) les idées de libération de la femme prennent leurs racines dans le siècle des Lumièreset se réclament de mouvements plus anciens ou de combats menés dans d'autres contextes historiques. L’objectif principal de la « première vague du féminisme » est de réformer les institutions, de sorte que les hommes et les femmes deviennent égaux devant la loi : droit à lHYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_à_l'éducation"'HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_à_l'éducation"éducation, droit au travail, droit à la maîtrise de leurs biens et droit de vote des femmesconstituent les revendications principales de cette période.
Olympe de Gougesrédige, en 1791, une déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Cependant, ces revendicationsd'égalité entre hommes et femmes ne sont pas entendues par les révolutionnaires. Elles furent reprises quelques années plus tard comme l'un des points essentiels du programme des socialistes saint-simoniens.

Mais comme plus tard Flora Tristan ou Louise Labbé, Olympe de Gouges a aussi lutté contre l'esclavage des Noirs, pour les droits des orphelins, des ouvriers sans travail, des pauvres, ... et celle qui a revendiqué pour les femmes le droit de monter à la tribune puisqu'elles montaient à l'échafaud a été guillotinnée en 1792.

Au cours du XIXe siècle, en France, en Angleterre, aux Etats-Unis et en Allemagne un mouvement féministe structuré se met en place. L'un de ses principaux objectifs est d'obtenir le
droit de votedes femmes, d'où le nom de "suffragettes"(de l'anglais "suffrage", vote) utilisé pour désigner les premières féministes.

Durant la IIIe République, estimant les femmes politiquement irresponsables, les hommes politiques, même de gauche, leur refusent le droit de vote. Ce n'est qu'à partir de la IVe République que les femmes obtiennent des droits civils, politiques et sociaux égaux à ceux des hommes.

Le féminisme est soutenu principalement par les femmes, bien qu'il soit également activement supporté par des hommes comme, par exemple,
John Stuart Mill(1806-1873), Victor Schoelcher(1804-1893)...

Quelques noms s'imposent. D'abord,Mary Wollstonecraft (XVIIIe siècle) qui a écrit le premier manifeste féministe,Flora Tristan (XIXe siècle). Puis Clara Zetkin (XXe siècle), à l'origine de la journée du 8 mars, ou encoreAlexandra Kollontaï dans le contexte de la révolutionbolchévique en Russie. Après la Deuxième Guerre mondiale, le mouvement est marqué par un grand nombre de personnalités: Simone de Beauvoir, Kate Millet, Élisabeth Badinter,

En 1955,Évelyne Sullerot propose à la gynécologueMarie-Andrée Weill-Halle de fonder, une association de femmes pour promouvoir le contrôle des naissances; les femmes n'ont alors le droit de vote que depuis 12 ans, elles vivent sous la contrainte maritale et avec la hantise de se retrouver enceinte à chaque rapport sexuel. Le nombre d'avortements en France y est estimé entre 250 000 et 600 000 par an et provoque la mort de 250 femmes. C'est ainsi que naît le Mouvement français pour le planning familial fondé en 1960 à la suite de la « Maternité heureuse », créée dans la quasi-clandestinité en 1956 par Suzanne Duflo.

Entre 1961 et 1967 les premiers centres du Planning familial, lieux d'accueil et d'information sont clandestinement ouverts. On pouvait s'y procurer des diaphragmes, des gels spermicides, puis les premières pilules contraceptives (fabriquées aux États-Unis). Simone Iffa fait partie de ceux qui ont compris qu'il ne fallait pas dissoudre le mouvement après la reconnaissance de ces premiers droits. Le succès est indéniable obligeant le mouvement à se structurer et à organiser la formation de conseillères et de médecins. C'est l'époque du MLAC, de Choisir avec Gisèle Halimi, du Mouvement des 343...

Cette deuxième vague féministe, qui intervient à la fin des années 1960 avec la naissance du Mouvement de libération des femmes(MLF) et du WomenHYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Women's_Lib"'HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Women's_Lib"s Lib,a élaboré plusieurs concepts qui entendent rendre compte de la spécificité du rapport de domination exercé sur les femmes. C'est à cette période qu'est reformulé le concept de  patriarcat, élaboré celui de sexismeet que l'accent est mis sur le domaine privé comme lieu privilégié de la domination masculine : le « personnel est politique ».

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Les revendications touchant au contrôle de leur corps par les femmes (avortement, contraception) sont placées au premier plan mais, plus largement, c'est à la construction de nouveaux rapports sociaux de sexe qu'appellent les féministes de cette deuxième vague. Dans cette perspective, la notion de « genre » entend « dénaturaliser » les rapports entre les sexes.

Le MLF considérait que la non-mixité était une étape nécessaire pour élaborer une manière de faire de la politique autrement, à partir du quotidien, contrairement au planning familial ou le MLAC, qui bien regroupant plus de femmes, se voulaient mixtes.


De nos jours, on peut citer le mouvement français "Ni putes ni soumises", créé en 2003, qui, de manière très médiatique, attire l'attention sur les problèmes que rencontrent les femmes dans les banlieues : mariages forcés, viols, excision... et le mouvement "Osez le féminisme", Mix-cité...



Considéré comme un des grands mouvements du XXe siècle, le féminisme a bouleversé la division traditionnelle des rôles, la suprématie masculine dans la famille et la structure de la main-d'oeuvre dans un grand nombre de pays.

Les victoires de ce mouvement sont variables. Dans certains pays, le mouvement fait face à des blocages importants de la part des
gouvernements, des groupes religieux ou des segments les plus traditionalistes de la société. Dans d'autres, les principales revendications du mouvement ont été intégrées aux législations et aux ensembles culturels.












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